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HEUREUSE INFORTUNE

enfant ! Asseyez-vous ici, près de moi, et racontez-moi tout. Le cœur me saigne vraiment de vous voir ainsi ! Comment se passe le temps ?

— Madame, répliqua le prince en prenant place auprès d’elle et retrouvant toute sa galanterie, le temps ne passera que trop vite jusqu’à votre départ. Mais il faut que je vous demande les nouvelles. Je me suis amèrement reproché mon inertie d’hier soir. Votre conseil était sage : c’était mon devoir de résister… Oui, vos conseils étaient sages et nobles. J’y ai songé depuis avec admiration Vous avez un noble cœur.

— Othon, dit-elle, épargnez-moi. Était-ce même bien ? Je me le demande. Mon pauvre enfant, moi aussi j’ai des devoirs à remplir… et quand je vous vois ils s’évanouissent tous, toutes mes bonnes résolutions s’envolent.

— Et les miennes, comme toujours, arrivent trop tard, répondit-il avec un soupir. Oh ! que ne donnerais-je pas pour avoir résisté ! Que ne donnerais-je pas pour la liberté !

— Eh bien !… Que donneriez-vous ? demanda-t-elle. Et l’éventail rouge s’ouvrit. Ses yeux seulement, comme derrière un rempart, brillaient sur lui.

— Moi ! Que voulez-vous dire ? Madame, s’écria-t-il, vous avez quelque nouvelle pour moi !

— Oh !… oh ! dit la dame d’un ton ambigu.

Il se jeta à ses pieds. — Ne badinez pas avec mes espérances ! supplia-t-il. Dites, chère madame de Rosen, dites ! Vous ne sauriez être cruelle, ce n’est pas dans votre nature. Que voulez-vous que je