vous donne ? Je n’ai rien à donner… je ne possède rien. Je ne puis que supplier.
— Ne suppliez pas, Othon, ce serait trop. Vous connaissez ma faiblesse. Épargnez-moi ! Soyez généreux !
— Oh ! Madame, dit-il, c’est à vous d’être généreuse, d’avoir pitié. Il lui prit la main et la pressa ; il la couvrit de caresses et de supplications. La comtesse supporta un siège fort agréable, et à la fin se laissa fléchir. Elle se leva soudain, entrouvrit fiévreusement son corsage, et jeta à terre l’ordre, encore tout tiède de son sein.
— Voilà ! s’écria-t-elle. Je le lui ai arraché ! Faites-en usage et ma ruine est certaine. Et elle se détourna comme pour voiler l’intensité de son émotion.
Othon se précipita sur le papier en jetant un cri : — Oh ! qu’elle soit bénie… qu’elle soit bénie ! Et il en baisa l’écriture.
La Rosen était d’un naturel singulièrement aimable, mais le rôle commençait à dépasser ses forces. — Ingrat ! s’écria-t-elle. C’est moi qui le lui ai arraché ; pour l’obtenir j’ai trahi mon parti… et c’est elle que vous remerciez !
— Pouvez-vous m’en blâmer ? dit le prince. Je l’aime.
— Eh ! je le vois bien… Tandis que moi ?
— Vous, madame de Rosen, vous êtes l’amie la plus chère, la meilleure, la plus généreuse ! dit-il en se rapprochant d’elle. Vous seriez l’amie la plus parfaite, si vous n’étiez si adorable. Vous qui avez tant d’esprit, vous ne pouvez ignorer le charme que vous exercez. Quelquefois vous