avec le scieur lui restait comme une poire d’angoisse dans le gosier. Il avait commencé par subir une leçon sur la politesse, et fini par éprouver une défaite en matière de logique ; et, dans les deux cas, de la part d’un homme qu’il regardait avec mépris. Tous les tourments de sa pensée lui revinrent avec une nouvelle amertume. Vers trois heures de l’après-midi, étant arrivé au chemin de traverse qui menait à Beckstein, il se décida à s’y engager pour aller dîner à loisir. Rien, après tout, ne pouvait être pire que de continuer de la sorte.
En entrant dans la salle d’auberge, à Beckstein, il remarqua dès l’abord un jeune homme à figure intelligente, attablé, un livre ouvert devant lui. Othon fit placer son couvert près du lecteur, et, s’excusant comme il convenait, entama la conversation en lui demandant ce qu’il lisait.
— Je parcours, répondit le jeune homme, le dernier ouvrage de M. le docteur Hohenstockwitz, cousin et bibliothécaire de votre prince de Grunewald ; homme d’une haute érudition, et non sans quelques lueurs d’esprit.
— Je connais M. le Docteur, dit Othon, mais pas encore son ouvrage.
— Deux privilèges que je ne puis que vous envier, répondit poliment le jeune homme. Un honneur pour le présent, un plaisir à venir.
— M. le Docteur est, je crois, fort estimé pour son savoir ? demanda le prince.
— C’est, Monsieur, un exemple remarquable de la force intellectuelle, répondit le lecteur. Qui, parmi nos jeunes gens, s’occupe de son cousin,