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Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/69

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PRINCE ERRANT

cerveau du prince. Il prit la fuite pour y échapper. Tout près, à la droite, un chemin se dirigeait vers le palais ; il le suivit à travers les ombres épaisses et les allées entre-croisées du parc. Par les belles après-midi d’été, quand la cour et la bourgeoisie s’y rencontraient et s’y saluaient, c’était un endroit animé. Mais au printemps naissant, à cette heure de la nuit, le parc était désert et abandonné aux oiseaux dans leurs nichées. Les lièvres se jouaient dans les fourrés. Çà et là une statue s’élevait, blanche, avec son geste éternel. Çà et là quelque temple de fantaisie lui renvoyait spectralement l’écho du pas de sa jument.

Au bout de dix minutes il arriva à l’extrémité supérieure de son propre jardin, où les petites écuries, au moyen d’un pont, s’ouvraient sur le parc. Dix heures sonnaient à l’horloge des communs, répétées immédiatement par la grosse cloche du palais, et au lointain par les clochers de la ville, Tout était silence aux écuries, sauf de temps en temps un cliquetis de chaîne et le bruit sourd d’un fer impatient. Othon mit pied à terre. À cet instant un souvenir se réveilla en lui : celui de certains récits d’avoine volée et de palefreniers fripons, récits entendus jadis, depuis longtemps oubliés, pour lui revenir maintenant en tête juste à propos. Il traversa le pont, et, se dirigeant vers une fenêtre, frappa fortement six ou sept fois en cadence. Tout en frappant il souriait. Au bout d’un instant le guichet de la porte s’entr’ouvrit, et une tête d’homme se montra sous la pâle lumière des étoiles.

— Rien ce soir, dit une voix.