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LE ROMAN DU PRINCE OTHON


Othon se leva : — Allons ! Monsieur, les papiers ! J’ordonne.

Greisengesang céda sur-le-champ.

— Avec la permission de Votre Altesse, dit-il, et en déposant à ses pieds mes excuses les plus humbles, je m’empresse d’aller attendre ses autres ordres à la chancellerie.

— Monsieur le Chancelier, reprit Othon, voyez-vous bien cette chaise ? C’est là que vous allez attendre mes autres ordres. Et comme le vieillard ouvrait de nouveau la bouche : — Ah ! cette fois-ci, paix ! s’écria le prince avec un geste impérieux. Vous avez suffisamment marqué votre zèle pour celui qui maintenant vous emploie ; et je commence à me lasser d’une modération dont vous abusez.

Le chancelier alla prendre la chaise indiquée et s’assit en silence.

— Et maintenant, dit Othon, ouvrant le rouleau, qu’est tout ceci ? Cela m’a l’air d’un livre en manuscrit.

— C’est, en effet, dit Gotthold, le manuscrit d’un livre de voyages.

— Vous l’avez lu, docteur Hohenstockwitz ? demanda le prince.

— Non, répondit Gotthold, je n’en ai vu que le titre. Mais le rouleau m’a été remis ouvert, et l’on ne m’a pas soufflé mot de secret.

Othon jeta sur le chancelier un regard irrité.

— Je comprends, poursuivit-il. Saisir les papiers d’un écrivain, à l’époque où nous en sommes de l’histoire du monde, dans un état infime et ignorant comme Grunewald… Voilà en vérité une