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Page:Stevenson - Saint-Yves.djvu/100

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XI

La Route du Nord.


Les dernières paroles de mon ami le conducteur de bestiaux me bourdonnaient à l’oreille, pendant que je descendais la colline ; et je finis par en tirer une conclusion des plus rassurantes. Jamais je n’avais donné à mes deux compagnons aucun renseignement sur ma patrie ; et eux, à défaut d’autre politesse, ils avaient eu du moins celle de ne pas faire de questions : or je vis que, sans l’ombre d’une hésitation, ils avaient décidé de me prendre pour un Anglais. Évidemment il y avait quelque chose, dans mon accent, qui leur avait prouvé que je ne pouvais pas être Écossais. Et ainsi je me dis que, puisque j’avais pu passer pour un Anglais en Écosse, je pourrais bien, inversement, passer pour un Écossais en Angleterre. Je songeai même que, si c’était nécessaire, je ne serais pas incapable de faire un effort pour imiter le dialecte du sud de l’Écosse. Les journées passées en compagnie de Candlish et de Sim m’avaient richement approvisionné en expressions caractéristiques ; et l’histoire du chien de Tweedie, par exemple, j’aurais pu la répéter de façon qu’un indigène s’y serait presque trompé.

Je me demandai, quelque temps, si le nom de Saint-Yves n’allait pas m’exposer à quelque désagrément : mais je me rappelai avoir entendu parler d’une ville nommée Saint-Ives, qui se trouvait quelque part en Cornouailles : je résolus donc de changer simplement en un i l’y de mon