l’éducation suffisante, voyez-vous ! Ah ! monsieur, quelle chose inappréciable que l’éducation ! »
Sur quoi, se tournant vers le major, et au grand effroi de celui-ci :
« Je n’ai pas très bien compris votre réponse, monsieur ! poursuivit l’infernal rond-de-cuir. Vous nous disiez que vous étiez en route pour quel endroit ?…
— Sare, Aï Gau To London, » murmura le major.
Je lui aurais volontiers lancé mon verre à la tête, pour manquer à ce point du don des langues en pareille circonstance.
« Hé, que pensez-vous de cela ? me dit le clerc.
— Grand Dieu ! m’écriai-je en me précipitant vers le major comme si je venais de reconnaître un vieil ami. Est-ce vous, monsieur Dubois ? En vérité, qui se serait attendu à vous rencontrer si loin de notre bonne ville de Carlyle ? »
Tout en parlant, je serrai cordialement les mains du major ; puis, me retournant vers son persécuteur :
« Oh ! monsieur, vous pouvez être pleinement rassuré ! Monsieur est le plus honnête homme du monde, un ancien voisin à moi, du temps où je demeurais à Carlyle. »
Je croyais m’être délivré du clerc de notaire. Je connaissais peu le gaillard.
« Mais avec tout cela, me dit-il, c’est un Français !
— Oui certes, m’écriai-je, un émigré ! Je puis vous garantir que ses opinions politiques sont aussi saines que les vôtres.
— Possible, répondit le clerc, du ton le plus calme ; mais ce qui est étrange, c’est que M. Dubois refuse d’admettre qu’il soit Français ! »
Je pris la chose en souriant ; mais je n’en étais pas moins fort ennuyé. Et, pour comble de malheur, voilà que, dans le flot de paroles où je me jetai pour faire diversion, je commis tout à coup moi-même une faute d’anglais ! Depuis des mois, ma facilité à parler l’anglais m’avait valu mille avantages ; et voilà que, par exception, je m’étais