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Page:Stevenson - Saint-Yves.djvu/235

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II

La nuit à Swanston-Cottage.


À la porte de la taverne, je fus presque renversé par la violence soudaine d’un coup de vent ; et Rowley et moi nous eûmes presque à nous crier nos mots d’adieu. Tout le long de Princes’Street, le vent me chassa par derrière, et hurla dans mes oreilles. Sans interruption la ville était arrosée de baquets d’une grosse pluie, à laquelle le voisinage de l’océan donnait un goût salé. Et c’était comme si, suivant les vicissitudes de la rafale, les rues fussent tour à tour plongées dans les ténèbres ou réveillées à la lumière. Tantôt toutes les lanternes semblaient s’éteindre, d’un bout à l’autre de la longue avenue, tantôt, brusquement, elles revivaient, se repeuplaient, se reflétaient de nouveau sur les pavés mouillés, dessinaient de grandes taches jaunes parmi l’obscurité.

Ma situation se trouva légèrement améliorée lorsque j’eus tourné le coin de Lothian Road. D’abord, j’avais maintenant le vent sur le côté ; en second lieu, le château, mon ancienne prison, avait la complaisance de m’abriter ; et puis enfin la fureur excessive de la rafale commençait elle-même à se modérer. La pensée de l’objet de ma course se raviva en moi, et j’eus l’impression de respirer l’horrible temps infiniment plus à l’aise. Avec une destination comme celle que j’avais devant moi, qu’importaient quelques bouffées de vent ou quelques gouttes d’eau froide ? J’évoquai l’image de Flora, je me figurai la tenir sur mon cœur,