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III

Le jour du Sabbat.


Il était temps, en vérité, que je quittasse Swanston-Cottage ; mais restait à savoir ensuite ce que je pourrais bien faire de moi. En me séparant de Rowley, la veille, je lui avais recommandé de dire à notre hôtesse que j’avais rencontré un ami, et que, sans doute, je ne rentrerais pas avant le lendemain matin. L’invention n’était pas mauvaise en soi ; mais l’état où je me trouvais la rendait impraticable. Je ne pouvais pas songer à rentrer avant de m’être d’abord arrêté quelque part, pour sécher et décrotter mes vêtements, et pour me coucher dans un lit pendant cette opération.

La fortune me favorisa de nouveau. J’aperçus, à une centaine de pas de moi, sur la gauche, une fenêtre éclairée : un malade qu’on veillait, sans doute, dans une maison. Mais, à mesure que j’approchais, j’entendis venir à moi plus distinctement un bruit de chants, dont je finis même par percevoir les paroles : et ce n’étaient guère des paroles destinées à divertir ou à calmer l’insomnie d’un malade. Une dizaine de voix discordantes vociféraient des couplets bachiques, avec une telle fantaisie dans le rythme et avec une expression si sentimentale, que chacun des chanteurs devait sûrement en être au moins à sa troisième bouteille.

M’approchant encore, je vis une sorte de cabane rustique, au bord de la route, avec une enseigne au-dessus