— Je vous comprends à présent, monsieur Ducie ! dit l’avoué. Mais plus tôt je commencerai mon enquête, mieux cela vaudra pour vos amis et pour vous. Mon clerc va vous conduire dans la salle d’attente, et vous donnera le Caledonian Mercury de ce matin, pour vous divertir jusqu’à mon retour. »
L’absence de M. Robbie dura au moins trois heures. Enfin, je le vis descendre d’une voiture de louage, devant la porte ; et presque aussitôt après je fus de nouveau introduit dans son cabinet, où la solennité de ses manières me porta à augurer les pires catastrophes. Et en effet, pendant un bon quart d’heure, l’avoué eut la cruauté de me faire tout un sermon sur l’incroyable irréflexion — « pour ne pas dire l’immoralité » — de ma conduite. Ce ne fut qu’après ce quart d’heure qu’il conclut par où il aurait bien dû commencer, en me disant : « J’ai cru de mon devoir de vous exprimer mon opinion personnelle à ce sujet, monsieur, puisque, aussi bien, vous allez pouvoir vous tirer d’affaire en l’espèce sans être inquiété ! Il m’apprit ensuite que ma victime, Faa, avait depuis longtemps quitté l’hôpital ; les coups qu’il avait reçus s’étaient trouvés n’avoir aucune gravité. « Quant à ces deux hommes, Todd et Candlish, poursuivit l’avoué, ils auraient, eux aussi, été relâchés depuis longtemps, sans leur extraordinaire loyauté à votre endroit, mon cher M. Ducie, ou encore M. Ivey, comme je crois que je devrais à présent vous nommer. Jamais ni l’un ni l’autre des vieux coquins n’a risqué un seul mot qui révélât, d’une manière quelconque, l’existence d’une troisième personne impliquée dans l’aventure : de telle sorte que, dans leurs confrontations avec Faa, ils ont fait des réponses si embarrassées et parfois si contradictoires, que le procureur n’a pu se résigner à les mettre en liberté, s’imaginant qu’il y avait sous tout cela quelque chose de caché. Mais, Dieu merci, je n’ai pas eu de peine à le convaincre du contraire ! Je n’ai eu qu’à railler ses soupçons pour les dissiper. Et c’est ainsi que, à ma grande satisfaction, j’ai pu voir de mes propres yeux