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nouveler notre connaissance par une présentation plus en règle.

— Vous êtes bien aimable, M. Ducie ! répliqua-t-il. Peut-être consentiriez-vous à aider un peu ma mémoire ? Où donc ai-je eu le plaisir ?…

— Oh ! à quoi bon rappeler de vieilles histoires, fis-je avec un gros rire, et encore en présence d’un homme de loi ?

— Je gagerais, insinua l’excellent M. Robbie, que lorsque vous avez connu mon client, — dont le passé doit être un chapitre ténébreux tout plein d’horribles secrets, — je gagerais que vous l’avez connu sous le nom de M. Ivey ! acheva-t-il en me bourrant amicalement.

— Non, je ne crois pas que ce soit sous ce nom-là, monsieur ! » répondit le major, les lèvres pincées.

Je tremblais à la perspective de quelque nouvelle plaisanterie malencontreuse de l’excellent avoué ; mais, fort à propos, on l’appela dans la salle de jeu pour une partie de whist.

Le major, dès que nous fûmes seuls, tourna vers moi son visage impassible.

« Eh bien ! dit-il, vous avez du courage !

— Le courage et l’honneur font partie de notre métier, à tous les deux ! répondis-je en m’inclinant.

— Puis-je vous demander si vous vous attendiez à me trouver ici ? demanda-t-il.

— Vous voyez, en tout cas, que c’est moi-même qui ai sollicité la présentation !

— Et vous n’avez pas eu peur ? dit Chevenix.

— Pas le moins du monde ! Je savais que j’avais affaire à un gentleman.

— Soit ! Mais il y a d’autres gens qui vous cherchent, dit-il, et qui ne s’embarrassent pas de scrupules d’honneur. Ne savez-vous donc pas que toute la police est déchaînée à vos trousses ?

— J’espère du moins qu’aucun de ses membres ne se trouve ici ? répondis-je.