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X

Le capitaine Colenso.


« Mais qu’allons-nous faire du ballon, monsieur ? » me demanda le pilote de la chaloupe.

Si le Lunardi m’avait appartenu réellement, j’aurais prié ces braves gens de le laisser se noyer en paix, tant j’étais las de mes rapports avec lui. Mais Byfield, qui tenait à sa propriété, dit aux rameurs de couper les cordes qui attachaient le corps du ballon à la nacelle : car celle-ci avait fini par être entièrement submergée, et il n’y avait plus à penser à la remonter. On fit donc comme il disait : aussitôt le Lunardi, tout à fait dégonflé maintenant, devint aisément maniable ; et l’équipage, après l’avoir attaché sur le côté de la chaloupe, fit force de rames pour nous conduire à bord.

Mes dents claquaient. Ces opérations de sauvetage avaient pris du temps et le temps me parut bien long, aussi, qu’il nous fallut mettre pour rejoindre le brig, qui se tenait là tout frémissant, les voiles ouvertes, prêt au départ.

Je regardai les rameurs. Deux d’entre eux étaient assis à l’arrière, tout près de moi, et je fus très surpris de voir à quel point ils se ressemblaient l’un à l’autre ; d’une ressemblance peut-être plus frappante encore que celle que la communauté de vie avait créée entre mes deux amis de naguère, Sim et Candlish. Tous deux paraissaient avoir une quarantaine d’années trapus, grisonnants, avec ces