VII
Swanson Cottage.
J’avais deux projets. Le premier était, naturellement, de m’éloigner au plus vite du château et de la ville ; le second, de me frayer un chemin vers le sud pendant qu’il faisait encore nuit, de manière à me trouver près de Swanston Cottage au lever du jour. Ce que je ferais ensuite, quand je serais là, je n’en avais aucune idée ; et, en vérité, je ne m’en inquiétais guère, ayant toujours eu un culte particulier pour les deux divinités qu’on appelle l’Occasion et la Chance. « Prépare-toi et prends tes précautions ; mais, lorsque c’est impossible, va droit devant toi, en tenant tes yeux ouverts et ta langue bien huilée ! » C’était là le principe essentiel de ma philosophie.
Mon voyage fut d’abord assez accidenté. Je m’embarrassai dans des jardins, je butai sur des maisons, et j’eus même la malchance d’éveiller une famille, dont un membre, le père, je suppose, me menaça par la fenêtre avec un fusil. Je me trouvais encore à peu de distance du château, bien que j’eusse marché au moins une bonne heure, quand un événement des plus fâcheux vint rendre ma fuite tout à fait difficile. Brusquement, un grand cri rompit le silence de la nuit. À ce cri succéda comme un bruit de chute, que suivit à son tour le bruit d’une fusillade, du haut des remparts du château. En quelques minutes, l’alarme se répandit à travers la ville. Les tambours se mirent à battre, les cloches à sonner, et, de tous côtés, les