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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/161

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effet, qu’implique cette dernière ? Affranchissement de toute religion ? Évidemment non, mais uniquement affranchissement de toute personne interposée entre le ciel et vous. Suppression de l’intermédiaire du prêtre, abolition de l’opposition entre le « laïque » et le « clerc », et mise en communication directe et immédiate du fidèle avec la Religion ou le Dieu, tel est le sens de la liberté religieuse. On n’en peut jouir qu’à condition d’être religieux, et loin de signifier irréligion elle signifie intimité de la foi, commerce immédiat et cœur à cœur avec Dieu.

Pour l’ « affranchi religieux », la Religion est une affaire de cœur, c’est son, affaire, et il s’y consacre avec une « sainte ferveur ». Il en est de même de l’ « affranchi politique » : il prend l’État à cœur, l’État est son affaire de cœur, la première de toutes ses affaires, celle qui entre toutes lui est propre.

Liberté politique et liberté religieuse sous-entendent l’une que l’État, la [mot en grec dans le texte] est libre, et l’autre que la Religion est libre, de même que liberté de conscience sous-entend que la conscience est libre ; y voir ma liberté, mon indépendance vis-à-vis de l’État, de la Religion ou de la conscience serait un contresens absolu. Il ne s’agit point ici de ma liberté, mais de la liberté d’une force qui me gouverne et m’opprime ; ce sont mes tyrans État, Religion ou conscience qui sont libres, et leur liberté fait mon esclavage. Il va de soi qu’ils mettent en pratique, pour me réduire, le proverbe « la fin justifie les moyens ». Si le bien de l’État est le but, le moyen d’y pourvoir, la guerre, se trouve sanctifié ; si la justice est le but de l’État, le meurtre comme moyen devient légitime et porte le nom sacré d’« exécution », etc. La sainteté de l’État déteint sur tout ce qui lui est utile.