Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/188

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La personne particulière ou privée ayant perdu toute valeur dans l’ « État » (plus de privilèges), et la propriété particulière ou privée ayant été dépouillée de sa légitimité par la « Société des travailleurs » ou « Société des gueux », vient la « Société humaine » qui, elle, met de côté indistinctement tout le particulier ou le privé. Ce n’est que le jour où la « critique pure » aura terminé sa laborieuse enquête que nous serons enfin fixés, et que nous saurons au juste ce que nous devons tenir pour privé et, « pénétrés de sa vanité et de son néant » — laisser debout juste comme devant.

Ni l’État ni la Société ne satisfont le libéral humanitaire ; aussi les nie-t-il tous deux, quitte à les conserver tous deux. En réalité, la Société humanitaire est à la fois État universel et Société universelle ; ce n’est qu’à l’État limité qu’on reproche de faire trop de cas des intérêts privés spirituels (convictions religieuses des gens, par exemple), et à la Société limitée, des intérêts privés matériels. Tous deux doivent s’en remettre aux particuliers du soin des intérêts privés, et, devenant Société humaine, s’inquiéter uniquement des intérêts humains généraux.

Lorsque les Politiques s’efforçaient de supprimer la volonté personnelle, (l’arbitraire et le bon plaisir), ils ne s’apercevaient pas que la propriété lui offrait un sûr asile.

Lorsque les Socialistes à leur tour abolissent la propriété, ils négligent de remarquer que cette propriété se perpétue sous forme d’individualité. N’y a-t-il donc point d’autre propriété que l’argent et les biens au soleil ? Chacune de mes pensées, chacune de mes opinions * ne m’est-elle pas également propre, n’est-elle pas mienne ?


Pas d’autre alternative donc pour la pensée que de