Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/199

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Comme si l’un ne devait pas fatalement toujours rechercher l’autre parce qu’il en a besoin, comme si l’autre pouvait ne pas toujours s’offrir à l’un parce qu’il en a besoin ! Le seul changement est que désormais l’individu s’unira réellement à l’individu, tandis qu’auparavant il lui était lié. Le père et le fils, qu’un lien enchaîne l’un à l’autre jusqu’à la majorité de ce dernier, peuvent dans la suite continuer à faire spontanément route ensemble ; avant que le fils soit majeur, ils sont sous la dépendance l’un de l’autre en tant que membres de la famille ; après, ils s’unissent en tant qu’égoïstes ; l’un reste le fils, l’autre reste le père, mais ce n’est plus comme fils et père qu’ils tiennent l’un à l’autre.


Le dernier privilège est en vérité l’ « Homme », et tous ont ce privilège, tous en jouissent. Car, comme le dit Bruno Bauer lui-même : « Le privilège subsiste quand même tous y ont part . »

Résumons donc les étapes parcourues par le Libéralisme :

Primo : L’individu n’est pas l’Homme, aussi la personnalité individuelle n’a-t-elle aucune valeur : donc, pas de volonté personnelle, pas d’arbitraire, plus d’ordres ni d’ordonnances ;

Secundo : L’individu n’a rien d’humain, aussi le mien et le tien n’ont-ils aucun fondement dans la réalité : donc, plus de propriété ;

Tertio : Attendu que l’individu n’est pas Homme et n’a rien d’humain, il ne doit être rien du tout ; c’est un égoïste, et la Critique doit supprimer lui et son égoïsme pour faire place à l’Homme, « qui vient seulement d’être découvert ».

Mais si l’individu n’est pas Homme, l’Homme cependant est en puissance dans l’individu, et a chez ce dernier l’existence virtuelle qu’y ont tout fantôme et tout divin. Aussi le Libéralisme politique accorde-t-il