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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/241

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Et Moi ? — Parviendrai-je au Moi et au Mien grâce au Libéralisme ?

Qui le Libéral tient-il pour son semblable ? L’Homme ! Sois seulement un Homme — et tu en es un —, le Libéral t’appellera son frère. Il s’inquiète peu de tes opinions et de tes sottises privées, du moment qu’il peut ne voir en toi que l’ « Homme ».

Peu lui importe ce que tu es privatim, car s’il est logique, ses principes lui interdisent rigoureusement d’y attacher la moindre valeur ; il ne voit en toi que ce que tu es generatim ; en d’autres termes, il voit en toi non pas toi mais l’espèce, non pas Pierre ou Paul, mais l’Homme, non pas le réel ou l’unique, mais ton essence ou ton concept, non pas l’individu en chair et en os, mais l’Esprit.

En tant que tu es Pierre, tu n’es pas son semblable, car il est Paul et non pas Pierre ; en tant qu’Homme, tu es ce qu’il est. S’il est vraiment un Libéral et non un égoïste inconscient, toi, Pierre, tu es, à ses yeux, comme si tu n’existais pas, ce qui, entre parenthèses, lui rend assez léger son « amour fraternel » ; ce qu’il aime en toi, ce n’est pas Pierre, dont il ne sait rien et ne veut rien savoir, mais uniquement l’Homme.