Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/277

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sens-là que l’auteur incline peu à peu, parce qu’elle n’a pas clairement défini en partant le terme qu’elle emploie), la phrase citée plus haut équivaut à peu près à ce qui suit : La seule voie de salut pour une bande de brigands malades est de faire prospérer en elle le bourgeois loyal. Par là même, la bande de brigands, en tant que bande de brigands, périrait ; comme elle s’en doute, elle juge préférable de fusiller celui de ses membres qui trahit quelques velléités de rentrer dans « le droit chemin ».

Bettina, dans ce livre, est patriote et même philanthrope ; elle a en vue le bonheur des hommes. Elle est aussi mécontente de l’ordre établi que son héroïne l’est de tous ceux qui voudraient ramener les bonnes vieilles croyances avec tout ce qui s’ensuit. Mais elle attribue la corruption de l’État aux gens de la politique, de l’administration, de la diplomatie, tandis que ceux-ci font ce reproche aux méchants, aux « séducteurs du peuple ».

Qu’est-ce que le criminel de droit commun ? C’est celui qui commet l’erreur fatale de toucher à ce qui est au peuple au lieu de chercher ce qui est à lui. Il a convoité le bien méprisable, le bien d’autrui ; il a fait ce que font les dévots : aspiré ce qui appartient à Dieu. Que fait le prêtre qui exhorte un criminel ? Il lui représente le tort immense qu’il a de profaner ce que l’État avait consacré, de porter une main sacrilège sur la propriété de l’État (on comprend également sous ce titre la vie de ceux qui font partie de l’État). Ne vaudrait-il pas mieux que le prêtre lui fît comprendre que s’il s’est dégradé, c’est en ne méprisant pas le bien d’autrui, en le tenant pour digne d’être volé ? C’est ce qu’il pourrait faire, s’il n’était pas un prêtre. Parlez audit criminel comme vous parleriez à un égoïste, et il aura honte, non pas d’avoir attenté à vos lois et à vos biens, mais d’avoir jugé vos lois dignes d’être violées et vos biens dignes d’être convoités ; il aura honte de