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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/295

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et il ne pourrait en être autrement ; aussi trouve-t-on à notre époque une foule de ces faussaires dans toutes les sphères. Ils préparent la rupture avec le droit, la suppression du droit.

Pauvres Athéniens, qu’on accuse de chicane et de sophistique ! Pauvre Alcibiade, que l’on accuse d’intrigue ! C’est là justement ce que vous aviez de meilleur, c’était votre premier pas vers la liberté. Votre Eschyle, votre Hérodote et les autres ne rêvaient qu’un Peuple grec libre : vous eûtes, les premiers, un pressentiment de votre liberté.

Tout Peuple opprime ceux qui s’élèvent au-dessus de sa majesté ; l’ostracisme menace le citoyen trop puissant, l’inquisition de l’Église guette l’hérétique, et — l’inquisition également guette le traître envers l’État.

Car le Peuple n’a cure que de se maintenir et de s’affermir ; il réclame de chacun un « patriotique dévouement ». L’individu en soi lui est donc indifférent, c’est un zéro, et le Peuple ne peut faire ni même permettre que l’individu accomplisse ce qu’il est seul capable d’accomplir, sa réalisation. Tout Peuple, tout État est « injuste » envers les égoïstes.

Tant qu’il reste debout une seule institution qu’il n’est pas permis à l’individu d’abolir, le Moi est encore bien loin d’être sa propriété et d’être autonome. Comment parler de liberté, tant que je dois par exemple me lier par serment à une constitution, à une charte, à une loi, tant que je dois jurer d’appartenir « corps et âme » à mon Peuple ? Comment être moi-même s’il n’est permis à mes facultés de se développer que pour autant qu’elles « ne troublent pas l’harmonie de la Société » ? (Weitling.)

La chute des peuples et de l’humanité sera le signal de son élévation.

Écoute ! Au moment, même où j’écris ces lignes, les cloches se sont mises à sonner ; elles portent au loin un joyeux message : demain on célèbre le millième