Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/330

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Juif, l’Allemand, etc. « Que chacun soit donc entièrement et uniquement — homme ! » Mais ne vaudrait-il pas mieux dire : Si nous sommes plus que ne peuvent exprimer tous les noms qu’on nous donne, nous voulons être plus qu’homme pour la même raison que voulez être plus que Juif et plus qu’Allemand. Les Nationalistes ont raison : on ne peut pas renier sa nationalité ; mais les Humanitaires aussi ont raison : on ne doit pas se renfermer dans les bornes étroites de sa nationalité. C’est à l’individualité à résoudre cette contradiction : la nationalité est ma propriété, mais Je ne tiens pas tout entier dans une de mes propriétés ; l’humanité aussi est ma propriété, mais c’est Moi seul qui, par mon unicité, donne à l’homme son existence.

L’histoire cherche l’Homme : mais l’homme, c’est toi, c’est moi, c’est nous ! Après l’avoir pris pour un Être mystérieux, une divinité, et l’avoir cherché dans le Dieu d’abord, puis dans l’Homme (l’humanité, le genre humain), je l’ai enfin trouvé dans l’individu borné et passager, dans l’Unique.

Je suis possesseur de l’humanité, Je suis l’humanité, et Je ne fais rien pour le bien d’une autre humanité. Tu es fou, toi qui, étant une humanité unique, te guindes afin de vivre pour une autre que celle que tu es toi-même.



Les relations du Moi avec le monde humain que nous avons examinées jusqu’ici se prêtent à de tels développements et nous ouvrent de si riches perspectives qu’en d’autres circonstances on ne saurait trop s’y étendre. Mais nous ne nous proposions pour le moment que d’en indiquer les grandes lignes, et nous sommes forcés de nous interrompre pour passer à l’examen de deux autres côtés de la question. Je ne