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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/336

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Qu’est-ce à dire ? Il veut que nul ne puisse s’approprier le sol, mais en ait l’usage ; — mais ne lui accordât-on même que la centime partie du produit qu’il en tire, du fruit, cette fraction du moins serait sa propriété et il pourrait en user à sa guise. Celui qui n’a que l’usage d’un champ n’est évidemment pas propriétaire de ce champ ; celui-là l’est moins encore qui doit, ainsi que le veut Proudhon, abandonner de ce produit tout ce qui ne lui est pas strictement nécessaire ; seulement, il est propriétaire du tantième qui lui reste. Proudhon ne nie donc que telle ou telle propriété, et non la propriété. Si nous voulons nous approprier le sol, au lieu d’en laisser l’aubaine aux propriétaires fonciers, unissons-nous, associons-nous dans ce but, et formons une société * qui s’en rendra propriétaire. Si nous réussissons, ceux qui sont aujourd’hui propriétaires cesseront de l’être. Et de même que nous les aurons dépossédés de la terre et du sol, nous pourrons encore les expulser de mainte autre propriété, pour en faire la nôtre, la propriété des ravisseurs. Les « ravisseurs » forment une société que l’on peut s’imaginer croissant et s’étendant progressivement au point de finir par embrasser l’humanité entière. Mais cette humanité elle-même n’est qu’une pensée (un fantôme) et n’a de réalité que dans les individus. Et ces individus pris en masse n’en useront pas moins arbitrairement avec la terre et le sol que ne le faisait l’individu isolé, ledit « propriétaire ** ».

Ainsi donc. la propriété ne cesse pas de subsister et ne cesse même pas d’être « exclusive » du fait que l’humanité, cette vaste société, exproprie l’individu auquel elle afferme et donne peut-être en fief une parcelle, de même qu’elle exproprie tout ce qui n’est pas humanité (elle ne reconnaît, par exemple, aucun droit de propriété aux animaux). Cela revient donc exactement