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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/337

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au même. Ce à quoi tous veulent avoir part sera retiré à ce même individu qui veut l’avoir pour lui seul et sera érigé en bien commun. En tant que bien commun, chacun en a sa part, et cette part est sa propriété. C’est ainsi que, d’après notre vieux droit de succession, une maison qui appartient à cinq héritiers est leur bien commun, indivis, tandis qu’un cinquième seulement du revenu est la propriété de chacun. Proudhon aurait pu nous épargner son pathos, lorsqu’il dit : « Il est certaines choses qui ne sont la propriété que de quelques-uns, mais auxquelles nous prétendons et auxquelles désormais nous ferons la chasse. Prenons-les, puisque c’est en prenant qu’on devient propriétaire, et puisque ce qui nous a manqué jusqu’à présent n’est passé aux mains des propriétaires actuels que par la prise. Associons-nous pour commettre ce vol. »

Il tâche de nous faire accepter l’idée que la Société est le possesseur primitif et l’unique propriétaire de droits imprescriptibles ; c’est envers elle que celui qu’on nomme propriétaire est coupable de vol (« La propriété, c’est le vol * ») ; si elle retire au propriétaire actuel ce qu’il détient comme lui appartenant, elle ne le vole pas, elle ne fait que rentrer en possession de son bien et user de son droit. — Voilà où on en arrive lorsqu’on fait du fantôme Société une personne morale. Ce que l’homme peut atteindre, voilà, au contraire, ce qui lui appartient : c’est à Moi que le monde appartient. Et que dites-vous d’autre, lorsque vous déclarez que « le monde appartient à tous ? Tous, c’est Moi, Moi, et encore Moi. Mais vous faites de « Tous » un fantôme que vous rendez sacré, de sorte que « Tous » devient le redoutable maître de l’individu. Et c’est à son côté que se dresse alors le spectre du « Droit ».

Proudhon et les Communistes combattent l’égoïsme.