tel, leur législateur. Le Communisme conduit ce principe jusqu’à ses plus rigoureuses conséquences, et le Christianisme est la religion de la société ; car, comme Feuerbach le dit justement, bien que sa pensée ne soit pas juste, l’amour est l’essence de l’Homme, c’est-à-dire l’essence de la société ou de l’Homme social (communiste). Toute religion est un culte de la société, du principe qui régit l’homme social (l’homme cultivé) ; aussi nul dieu n’est-il jamais le dieu exclusif d’un Moi ; toujours un dieu est le dieu d’une société ou d’une communauté : d’une famille (lares, pénates), d’un Peuple (dieux nationaux) ou de « tous les hommes ». (« Il est le père de tous les hommes. »)
Que l’on n’espère point arriver à détruire de fond en comble la religion, tant que l’on n’aura pas auparavant mis au rebut la société et tout ce qu’implique son principe. Or, c’est précisément à l’heure du Communisme que ce principe passe au méridien, attendu qu’alors tout doit être commun afin que règne l’ « égalité ». Cette « égalité » une fois conquise, la « liberté » ne manquera pas non plus, mais la liberté de qui ? De la Société ! La société alors est le grand Pan, et les hommes n’existent plus que « les uns pour les autres ». C’est l’apothéose de l’ « Amour-État !
Pour moi, j’aime mieux avoir recours à l’égoïsme des hommes qu’à leurs « services d’amour », à leur miséricorde, à leur charité, etc. L’égoïsme exige la réciprocité (donnant, donnant), il ne fait rien pour rien, et s’il offre ses services, c’est pour qu’on les — achète. Mais le « service d’amour », comment me le procurer ? C’est le hasard qui fera que j’aurai justement affaire à un « bon cœur ». Et je ne puis émouvoir la charité qu’en mendiant ses services, soit par mon extérieur misérable, soit par ma détresse, ma misère, ma souffrance. — Et que puis-je lui offrir en échange de son assistance ? Rien ! Il faut que je la reçoive comme un cadeau. L’amour ne se paie pas, ou, disons