Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/424

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avait en vue un régime nouveau, l’insurrection nous mène à ne plus nous laisser régir mais à nous régir nous-mêmes et elle ne fonde pas de brillantes espérances sur les « institutions à venir ». Elle est une lutte contre ce qui est établi, en ce sens que, lorsqu’elle réussit, ce qui est établi s’écroule tout seul. Elle est mon effort pour me dégager du présent qui m’opprime ; et dès que je l’ai abandonné, ce présent est mort et tombe en décomposition.

En somme, mon but n’étant pas de renverser ce qui est, mais de m’élever au-dessus de lui, mes intentions et mes actes n’ont rien de politique ni de social ; n’ayant d’autre objet que moi et mon individualité, ils sont égoïstes.

La révolution ordonne d’instituer, d’instaurer, l’insurrection veut qu’on se soulève ou qu’on s’élève.

Le choix d’une constitution, tel était le problème qui préoccupait les cerveaux révolutionnaires ; toute l’histoire politique de la Révolution est remplie par des luttes constitutionnelles et des questions constitutionnelles, de même que les génies du Socialisme se sont montrés étonnamment féconds en institutions sociales (palanstères, etc.). C’est au contraire à s’affranchir de toute constitution que tend l’insurgé .

Je cherchais une comparaison afin de rendre plus clair ce que je viens de dire, et voici que ma pensée se reporte aux premiers temps de la fondation du Christianisme.

Dans le camp libéral, on reproche aux premiers Chrétiens d’avoir prêché l’obéissance aux lois païennes existantes, d’avoir prescrit de reconnaître, l’autorité païenne et d’avoir franchement ordonné de « rendre à César ce qui est à César ». Quel soulèvement pourtant à