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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/483

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famille comme une divinité, mais bien de servir le divin et d’élever jusqu’à lui la famille encore non divine, c’est-à-dire de tout asservir à l’idée, d’arborer partout la bannière de l’idée et d’amener l’idée à une réelle et efficace activité.

Le Christianisme et l’Antiquité ayant affaire au divin finissent toujours par y revenir, quoique par les voies les plus opposées. À la fin du Paganisme, le divin devient extramondain ; à la fin du Christianisme, intramondain. L’Antiquité ne réussit pas à le placer complètement hors du monde, et sitôt le Christianisme parvenu à accomplir cette tâche, le divin n’a rien de plus pressé que de réintégrer le monde, qu’il veut « racheter ». Mais si le Christianisme fait le divin intramondain, il n’en fait pas et ne peut pas en faire le mondain même, car le mauvais, l’irrationnel, le fortuit, l’égoïste sont le « mondain » dans le mauvais sens du mot, et sont et restent fermés au divin. Le Christianisme commence avec l’incarnation du Dieu qui se fait homme, et il poursuit toute son œuvre de conversion et de rédemption dans le but d’amener le Dieu à fleurir dans tous les hommes et dans tout l’humain, et de pénétrer tout de l’Esprit. Il s’en tient à préparer un siège pour l’« Esprit ».

Si l’on en vint finalement à mettre l’accent sur l’Homme ou l’Humanité, ce fut de nouveau l’Idée que l’on « éternisa » : « L’Homme ne meurt pas ! » On pensa avoir trouvé la réalité de l’idée : l’Homme est le moi de l’histoire ; c’est lui, cet idéal, qui se développe, c’est-à-dire se réalise. Il est vraiment réel et corporel, car l’histoire est son corps, dont, les individus ne sont que les membres. Le Christ est le moi de l’histoire du monde, même de celle qui précède son apparition sur la terre ; pour la philosophie moderne, ce moi est l’Homme. L’image du Christ est devenue l’effigie de l’Homme, et l’Homme comme tel, l’ « Homme » tout court, est le « centre » de l’histoire. Avec l’Homme reparaît le commencement imaginaire,