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Page:Stirner - L’Unique et sa propriété, trad. Reclaire, 1900.djvu/73

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armes et bagages, nous serons, nous, son terrestre logis, singulièrement encombrés.

Cette digression, nous nous avisons après coup qu’il et mieux valu la réserver pour plus tard, pour éviter une répétition. Revenons à la première création de l’Esprit, c’est-à-dire à l’Esprit lui-même. L’Esprit est quelque chose d’autre que moi ; ce quelque chose d’autre, quel est-il ?


§ 2. — Les Possédés


As-tu déjà vu un Esprit ? — Moi ? non, mais ma grand-mère en a vu. — C’est comme moi : je n’en ai jamais vu, mais ma grand-mère en avait qui lui couraient sans cesse dans les jambes ; et, par respect pour le témoignage de nos grands-mères, nous croyons à l’existence des esprits.

Mais n’avions-nous pas aussi des grands-pères, et ne haussaient-ils pas les épaules chaque fois que nos grands-mères entamaient leurs histoires de revenants ? Hélas ! oui, c’étaient des incrédules et ils ont fait grand tort à notre bonne religion, tous ces philosophes. ! Nous le verrons bien par la suite !

Qu’y a-t-il au fond de cette foi profonde dans les revenants, sinon la foi dans l’existence d’êtres spirituels en général ? Et la seconde ne serait-elle pas déplorablement ébranlée, s’il était établi que tout homme qui pense doit hausser les épaules devant la première ?

Les Romantiques, sentant combien l’abandon de la croyance aux esprits ou revenants compromettrait la croyance en Dieu même, s’efforcèrent de conjurer cette conséquence fâcheuse ; dans ce but, non seulement ils ressuscitèrent le monde merveilleux des légendes, mais ils finirent par exploiter le « monde supérieur » avec leurs somnambules, leurs voyantes, etc.

Les bons croyants et les Pères de l’Église ne soupçonnaient guère que, la croyance aux revenants