Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/152

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nalité isolée disparaît ; ce n’est pas moi qui vis, mais lui qui vit en moi. L’homme étant devenu le désintéressement et l’impersonnalité même fut désormais gardé contre l’égoïsme antérieur. Devant ce Dieu, l’État, disparaissait tout égoïsme, devant lui, tous étaient égaux ; ils étaient, en laissant de côté les différences qui existaient entre eux, hommes et rien qu’hommes.

La propriété fut la matière essentiellement inflammable qui fit éclater l’incendie de la Révolution. Le gouvernement avait besoin d’argent, il était mis en demeure de prouver le principe que le gouvernement est absolu, et par conséquent seul maître de toute propriété, seul propriétaire. Il devait reprendre son argent qui se trouvait être la possession mais non la propriété de ses sujets. Au lieu de cela il convoque les États généraux, pour se faire accorder cet argent. On n’ose pas pousser la logique jusqu’au bout et l’illusion du pouvoir absolu fut détruite ; celui qui se fait « accorder » quelque chose ne peut pas être considéré comme absolu. Les sujets reconnurent qu’ils étaient propriétaires véritables et que c’était leur argent qu’on voulait. Ceux qui avaient été jusque-là sujets, parvinrent à la conscience qu’ils étaient propriétaires. Bailly dépeint en peu de mots la situation : « Si vous ne pouvez disposer de ma propriété sans mon consentement, à plus forte raison ne pouvez-vous disposer de ma personne, ni de tout ce qui se rapporte à mon être moral et social. Tout cela est ma propriété comme la pièce de terre que je cultive et j’ai un droit, un intérêt à faire moi-même les lois. » Les paroles de Bailly laissaient entendre que chacun était propriétaire. Cependant à la place du gouvernement, à la place du prince, ce fut la nation qui devint propriétaire et sou-