Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/183

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conséquent que nous lui sommes obligés, nous lui devons tout[1], on en reste donc toujours à vouloir servir un « dispensateur suprême de tous les biens ». Que la société ne soit pas un Moi qui puisse donner, prêter ou garantir, mais un instrument, un moyen que nous pouvons utiliser, dont nous pouvons tirer profit ; que nous n’ayons aucun devoir social, mais exclusivement des intérêts sociaux, que nous n’avons aucun sacrifice à faire à la société, mais, si nous sacrifions quelque chose, que ce soit à nous-mêmes : voilà des choses auxquelles les socialistes n’ont jamais pensé, parce que, libéraux qu’ils sont, ils demeurent prisonniers d’un principe religieux et aspirent à une société religieuse, comme fut jusqu’ici l’État.

La société dont nous tenons tout, voilà le nouveau maître, le nouveau fantôme, nouvel « être suprême » auquel « nous engageons notre foi. »

Un examen plus serré du libéralisme politique et du libéralisme social trouvera plus loin sa place. Pour le moment nous passons outre pour les soumettre au jugement du libéralisme humain ou critique.


§ 3. — Le libéralisme humain.


Le libéralisme s’achève dans le libéralisme qui fait sa propre critique, le libéralisme « critique », dans lequel le critique demeure un libéral et ne va pas au delà du principe du libéralisme, l’homme ; il peut donc de préférence être nommé d’après l’homme et recevoir le titre « d’humain ».

  1. Proud’hon, Création de l’ordre, p. 414. Dans l’industrie comme dans la science rendre publique une invention est le premier et le plus sacré des devoirs.