Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/185

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coup n’ont pas de situation stable, c’est ton œuvre, philistin ! De ton côté, prolétaire, si tu veux forcer les autres à peiner, à faire de la société une galère universelle, c’est que récemment encore tu portais le bât. À vrai dire, en forçant tout le monde à peiner également, tu veux adoucir la peine à tous, et, ce n’est qu’en vertu de ce principe que tous indifféremment doivent gagner des loisirs. Mais qu’en feront-ils de ces loisirs ? que fait la « Société » pour les utiliser humainement ? Il faut encore qu’elle laisse ces loisirs gagnés au bon plaisir égoïste de l’individu, et justement ce gain que crée ta société tombe aux mains de l’égoïste, de même que le gain de la bourgeoisie, l’indépendance absolue de l’homme, ne pouvant être rempli par l’État avec un contenu humain, fut laissé à l’arbitraire.

Certes il est nécessaire que l’Homme n’ait pas de maître, mais il ne faut pas pour cela que l’Égoïste redevienne maître de l’Homme, il faut que l’Homme se rende maître de l’Égoïste. Certes l’Homme doit avoir des loisirs, mais si l’Égoïste les confisque à son profit, ils échappent à l’Homme ; c’est pourquoi vous devez donner à vos loisirs une signification humaine. Mais aussi, travailleurs, vous entreprenez votre travail poussés par des instincts égoïstes, parce que vous voulez manger, boire, vivre ; comment pourriez-vous être moins égoïstes dans vos loisirs ! Vous ne travaillez que pour, le travail accompli, pouvoir vous prélasser à votre aise (fainéantiser) et vous abandonnez au hasard le soin de vos loisirs.

Mais s’il faut que toutes les portes soient solidement verrouillées devant l’égoïsme, on doit tendre alors à l’action absolument désintéressée, au désintéressement