Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/268

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Les communistes affirment[1] que « la terre appartient de droit à celui qui la cultive » et que « ses produits reviennent à celui qui les tire du sol ». Je pense qu’ils appartiennent à celui qui sait les prendre ou à celui qui ne se les laisse pas prendre, qui ne s’en laisse pas déposséder. S’il se les approprie, ce n’est pas seulement la terre qui lui appartient, mais le droit. Tel est le droit égoïstique, c’est-à-dire que c’est le droit pour Moi et par conséquent c’est le Droit.

Autrement le droit est une duperie. Le tigre qui bondit sur moi a droit, et moi qui l’abats, j’ai droit aussi. Ce n’est pas mon droit que je défends contre lui, mais moi-même.

Comme le droit humain est toujours quelque chose de donné, il roule toujours sur le droit que les hommes se sont donné entre eux, c’est-à-dire se sont concédé. Si l’on accorde aux nouveaux-nés le droit à l’existence, ils ont ce droit ; si on le leur refuse, comme ce fut le cas chez les vieux Romains et chez les Spartiates, ils ne l’ont pas. Car c’est la société seule qui peut le leur donner ou « concéder », ce n’est eux-mêmes qui peuvent le prendre ou se l’octroyer. On objectera : les enfants avaient cependant « de par la nature » droit à l’existence ; seulement les Spartiates refusaient de reconnaître ce droit. Mais ils n’avaient pas plus de droit à cette reconnaissance qu’ils n’en avaient à ce que les bêtes fauves auxquelles ils étaient jetés en pâture reconnussent leur droit de vivre.

On parle à tout instant du droit inné et l’on se plaint que :

Du droit qui est né avec nous
Il n’est malheureusement pas question.
  1. Becker, Volksphilosophie, p. 22.