Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/276

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appelle son pouvoir « droit », celui de l’individu « crime » . ainsi le crime, c’est le pouvoir de l’individu, et c’est seulement par le crime qu’il brise le pouvoir de l’État quand il a pour opinion que ce n’est pas l’État qui est au-dessus de lui, mais lui qui est au-dessus de l’État.

Maintenant je pourrais pour comble de ridicule, vous adjurer bienveillamment de ne pas nous donner des lois qui portent préjudice à mon développement personnel, à mon activité personnelle, à ma création personnelle. Mais je ne veux pas vous donner ce conseil. Car vous seriez imprudents en le suivant et je serais, moi, frustré dans mes espérances. De vous je n’exige rien, car quoi que je réclame, vous êtes et serez toujours des législateurs autoritaires, parce qu’on ne fait pas chanter un corbeau et qu’un voleur ne peut vivre sans voler. Bien plus, à ceux qui veulent être égoïstes, je demande quelle est des deux choses la plus égoïste, ou se laisser donner des lois par vous et respecter des lois données, ou opposer résistance, et refuser absolument d’obéir. De braves gens pensent que les lois ne devraient jamais prescrire que ce qui, au sens du peuple, est juste et raisonnable. Mais que m’importe à moi le sens populaire ? Le peuple sera peut-être contre les blasphémateurs ; d’où, loi contre le blasphème. Dois-je pour cela ne plus blasphémer ? Cette loi doit-elle être pour moi plus qu’un « ordre ». Je le demande !

C’est exclusivement du principe que tout droit et toute force appartient à la totalité du peuple que sont issues toutes les formes de gouvernement. Car toutes se réclament de la totalité, et le despote comme le président d’une république, comme un gouvernement