Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/275

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suis donc, dans l’État, au meilleur des cas — je pourrais aussi bien dire au pire — un valet de moi-même. Si je fus hier un être de volonté, je suis aujourd’hui sans volonté, hier volontaire, aujourd’hui involontaire.

Comment changer ? il n’y a qu’un moyen, ne reconnaître aucun devoir, c’est-à-dire ne me lier ni me laisser lier. Si je n’ai aucun devoir, je ne connais aussi aucune loi.

« Seulement on me liera ! » — Personne ne peut enchaîner ma volonté ; ma volonté contraire est libre.

« Tout irait sens dessus dessous, si chacun pouvait faire ce qu’il voulait ! » — Qui donc a jamais dit que chacun pût tout faire ? Pour quoi donc comptes-tu, toi qui ne veux pas subir le bon plaisir des autres ! Défends ta volonté on ne te fera rien ! Celui qui veut briser la volonté a affaire à toi et est ton ennemi. Traite-le comme tel. S’il y a derrière toi quelques millions d’autres pour te protéger, vous formez ensemble une puissance imposante et vous aurez facilement la victoire. Mais bien que vous en imposiez comme puissance à l’adversaire, vous n’êtes pas néanmoins pour lui une autorité sacrée, attendu qu’il serait un bandit. Il ne vous doit ni respect ni considération, bien qu’il doive se tenir sur ses gardes contre votre puissance.

Nous avons l’habitude de classer les États suivant les différentes façons dont le pouvoir suprême est réparti. Si c’est un seul qui le possède — monarchie, si c’est tous — démocratie, etc. Tel est le pouvoir suprême ! Pouvoir contre qui ? Contre l’individu et sa « volonté propre » ; l’État exerce le pouvoir, l’individu ne le peut pas. Le rôle de l’État, c’est l’exercice du pouvoir, et il