Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/297

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pas folie ? ainsi le peuple doit être majeur, c’est-à-dire parler par lui-même, etc. Or comment pourrait être majeur (mündig) qui n’a pas de bouche (mund) ? L’individu seul peut être majeur. Ainsi toute la question de la liberté de la presse est prise à l’envers quand elle est revendiquée comme un « droit du peuple ». Elle n’est que le droit, ou mieux la puissance de l’individu ; si un peuple a la liberté de la presse, je ne l’ai pas, bien que placé au milieu de ce peuple : une liberté du peuple n’est pas ma liberté, et une liberté de la presse en tant que liberté du peuple doit être accompagnée d’une loi sur la presse dirigée contre moi.

Cette loi doit s’appliquer surtout aux tendances actuelles de la liberté.

Liberté du peuple n’est pas ma liberté.

Acceptons les catégories liberté du peuple et droit du peuple, par exemple, le droit du peuple qui permet à chacun de porter les armes. Puis-je encourir la perte d’un tel droit ? Ce n’est pas mon propre droit que je suis exposé à perdre, mais un droit qui appartient non à moi, mais au peuple. Je puis être emprisonné pour la liberté du peuple ; je puis, comme malfaiteur, être privé du droit de porter les armes.

Le libéralisme apparaît comme la dernière tentative à faire pour créer la liberté du peuple, la liberté de la communauté, de la Société, de l’humanité, il rêve d’une humanité majeure, d’un peuple majeur, d’une communauté majeure, d’une « Société » majeure.

Un peuple ne peut être libre autrement qu’aux dépens de l’individu ; car ce n’est pas l’individu qui dans cette liberté est la chose essentielle, mais le peuple. Plus libre est le peuple, plus esclave est l’individu : c’est précisément à l’époque de la plus grande liberté