Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/305

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elle ne signifie guère plus que l’union depuis longtemps oubliée de la mère au fils par le cordon ombilical. Que ce lien corporel ait autrefois existé, c’est une chose arrivée et l’on ne peut faire qu’elle soit non avenue ; on demeure irrévocablement le fils de cette mère, le frère de ses autres enfants ; mais c’est seulement par une piété filiale persistante, par l’esprit de famille que l’on arrive à une union durable. C’est seulement quand les individus s’imposent la tâche de maintenir la famille qu’ils se manifestent conservateurs et se gardent bien de douter de la famille qui est leur base, enfin qu’ils sont, au plein sens du mot, membres de la famille. Pour chacun de ses membres une chose doit être inébranlable et sacrée, la famille même ou plus explicitement la piété. Pour tout membre qui demeure libre de l’égoïsme hostile à la famille, c’est une vérité intangible qu’elle doit subsister. En un mot si elle est sacrée, personne de ceux qui en font partie ne peut s’en défaire sans devenir « criminel » envers elle ; il ne peut jamais poursuivre un intérêt qui lui soit contraire ; par exemple, conclure une mésalliance. Celui qui le fait « déshonore sa famille », « lui fait honte », etc.

Si maintenant l’instinct égoïste n’a pas assez de force dans l’individu, celui-ci se soumet, conclut un mariage qui convient aux prétentions de sa famille, embrasse une carrière en harmonie avec sa position, etc., bref « fait honneur » à sa famille.

Si au contraire un sang égoïste bouillonne furieusement dans ses veines, il préfère être « criminel » envers la famille et se soustraire à ses lois.

Des deux choses qu’ai-je le plus à cœur, du bien de la famille, ou du mien ? En un nombre infini de cas, les deux intérêts marcheront amicalement à côté l’un de