Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/311

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous commettrons l’erreur de croire qu’il est un Moi, tant qu’il s’attribue comme tels les noms de « personne morale, mystique, publique. » Cette peau de loup du Moi, moi qui suis réellement Moi, je dois l’arracher à ce mangeur de chardons qui fait le beau avec. Que de fois dans l’histoire du monde, je me suis laissé ravir mon moi ! C’est le soleil, la lune, les étoiles, les chats et les crocodiles que je laisse mettre en honneur et passer pour des Moi, c’est Jéhovah, Allah, notre Père, qui sont gratifiés du moi, c’est l’État, l’Église qui prétendent au Moi et que je leur laisse prendre tranquillement. Quoi d’étonnant alors quand, dans la suite, un Moi réel apparaît et vient m’affirmer en plein visage qu’il n’est pas mon Toi, mais mon propre Moi. Si le Fils de l’Homme par excellence avait fait pareille chose, pourquoi ne pouvais-je, moi aussi, un fils de l’homme, faire de même ? Ainsi je voyais toujours mon Moi au-dessus et en dehors de moi et je ne pouvais jamais parvenir réellement à moi.

Au moyen-âge, l’Église avait parfaitement admis que toutes sortes d’États vécussent en elle ; après la Réforme et particulièrement après la Guerre de 30 ans, les États apprirent à tolérer que toutes sortes d’Églises (confessions) se réunissent sous une même couronne. Mais tous les États sont religieux et, respectivement, des « États chrétiens » ; ils mettent leur tâche à contraindre les indisciplinables, les égoïstes, sous le joug de la Non-Nature, c’est-à-dire à les christianiser. Toutes les institutions de l’État ont pour but de christianiser le peuple. Ainsi l’objet des tribunaux est de forcer les gens à la justice, l’école doit les forcer à l’éducation de l’esprit, bref leur but est de protéger l’homme qui agit