Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/312

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chrétiennement contre celui qui ne le fait pas, de rendre l’action chrétienne puissante et dominatrice. Parmi ces moyens de contrainte, l’État comptait aussi l’Église, il exigeait de chacun une religion déterminée. Dupin disait récemment (1842) : « L’instruction et l’éducation appartiennent à l’État ». Assurément tout ce qui intéresse le principe de la morale est affaire d’État. C’est pourquoi l’État chinois se mêle de tant de choses de la famille ; on n’est rien en Chine si on n’est avant tout un bon fils. La famille est aussi, chez nous, une chose d’État, sauf que nous plaçons notre confiance dans la famille et n’exerçons pas sur elle une surveillance inquiète ; la famille est liée par le lien du mariage et, sans État, ce lien ne peut être délié.

Mais que l’État me fasse responsable de mes principes, m’en impose de certains, je demanderai alors : que vous importe ma marotte (mes principes) ? — Beaucoup, parce que c’est un principe dominant. En matière de divorce et généralement de droit matrimonial, on pense qu’il s’agit uniquement de déterminer la mesure du droit entre l’Église et l’État. Il s’agit bien plutôt de savoir si une chose sainte doit dominer les hommes, qu’elle s’appelle croyance religieuse ou loi morale (Morale). L’État joue le même rôle dominateur que l’Église. Celle-ci repose sur la piété, l’État sur la morale.

On parle de tolérance, de la liberté absolue laissée aux tendances opposées, caractéristiques des États civilisés. Certes quelques États sont assez forts pour tolérer les meetings les plus tumultueux, d’autres au contraire entretiennent leurs sbires pour donner la chasse aux fumeurs de pipe. Seulement pour un État comme pour l’autre, le jeu des individus entre eux, leur activité