Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/331

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également le soleil et le vent. Si l’État, cette pensée, doit être puissance prépondérante, c’est précisément à l’égard de l’individu. L’État est « sacré » et ne peut supporter ses attaques impudentes. Si l’État est sacré, la censure doit exister. Les libéraux politiques admettent le premier point, mais en combattent la conséquence. Ils lui accordent en tout cas les mesures répressives, car ils en demeurent toujours là, que l’État est plus que l’individu, et qu’il exerce des représailles justifiées, appelées des peines.

La peine n’a de sens que si elle est l’expiation de l’offense faite à la chose sacrée. Celui qui tient une chose pour sacrée mérite absolument d’être châtié s’il s’y attaque. Un homme qui laisse durer une existence humaine parce qu’elle lui est sacrée, et qu’il a horreur d’y porter atteinte est un homme religieux.

Weitling impute les crimes au « désordre social » et vit dans l’espérance que sous le régime communiste ils seront impossibles, leurs mobiles, l’argent par exemple, ayant disparu. Pourtant comme sa Société organisée devient ainsi que les autres, cause sainte et inviolable, il se trompe dans ses prévisions qui prouvent une bonne âme. Car il n’en manquerait pas qui adhéreraient des lèvres à la Société communistique et travailleraient en sous-main à sa ruine.

Weitling doit s’en tenir aux « remèdes contre le résidu naturel des maladies et des faiblesses humaines ». Et remède (Heilmittel) indique déjà qu’il faut considérer les individus comme « appelés à un salut » (Heil) déterminé, et les traiter en conséquence de cette « mission humaine ». Le remède ou la guérison n’est que le côté inverse de la peine, la théorie du salut court parallèlement à la théorie du châtiment ;