Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/344

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le fonds aux propriétaires du fonds, si nous voulons nous l’approprier, nous nous unissons dans ce but, nous formons une association, une société qui s’institue propriétaire. Si la chose réussit, ceux-là cessent d’être propriétaires du sol. Et cela ne se borne pas au fonds et au sol, nous pouvons encore les chasser de mainte autre propriété que nous faisons nôtre, qui devient propriété des conquérants. Les conquérants forment une société que l’on peut imaginer si grande qu’elle embrasse de proche en proche l’humanité tout entière ; mais aussi, ce qu’on appelle humanité, n’est qu’une pensée, un fantôme ; sa réalité, ce sont les individus, et ces individus pris en masse ne traitent pas moins arbitrairement le fonds et le sol que l’individu isolé, autrement dit, le propriétaire. Ainsi la propriété subsiste, elle est même « exclusive », parce que l’humanité, cette grande société, exclut l’individu de sa propriété (tout au plus lui en alloue-t-elle une parcelle à bail, en fief) de même qu’elle en exclut absolument tout ce qui n’est pas l’humanité, par exemple, elle ne laisse pas le monde des animaux y accéder. — Ainsi en sera-t-il toujours. Une chose à laquelle tous veulent participer, sera enlevée à l’individu qui la veut pour soi seul et deviendra bien commun. À un bien commun chacun a sa part, et cette part est sa propriété. Ainsi dans nos vieilles coutumes une maison qui appartient à cinq héritiers est bien indivis ; mais le cinquième du revenu est propriété de chacun d’eux. Proudhon pourrait s’épargner ses démonstrations diffuses s’il disait : il y a des choses qui appartiennent à quelques-uns et que dès maintenant nous autres nous revendiquons, que nous poursuivons. Prenons, parce que ce n’est que par la prise qu’on arrive à la propriété, car la