Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/354

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mes, je me donne le pouvoir du propriétaire, le plein pouvoir, la licence.

Ce dont on ne peut m’arracher la puissance demeure ma propriété ; or ça ! que ce soit donc la force qui décide de la propriété, je veux attendre tout de ma force ! La force étrangère, celle que le laisse à un autre fait de moi son serf ; que ma propre force fasse de moi un propriétaire ! Donc je reprends la puissance que j’avais accordée aux autres quand j’ignorais la force de ma propre puissance. Je me dis : ma propriété va jusqu’où s’étend mon pouvoir, je revendique comme propriété tout ce que je me sens la force d’atteindre, et je laisse ma propriété réelle s’étendre jusqu’où je me le permets, c’est-à-dire jusqu’où je m’en donne le droit.

Ici, c’est l’égoïsme, l’intérêt personnel qui doit décider, non le principe d’amour, non des motifs de cœur, comme la pitié, la douceur, la bonté ou même la justice et l’équité (car la justice aussi est un phénomène de l’amour, un produit de l’amour : l’amour ne connaît que le sacrifice et exige le sacrifice.)

L’égoïsme ne pense pas à sacrifier quelque chose, il décide simplement ceci : je dois avoir ce dont j’ai besoin et je veux me le procurer.

Toutes les tentatives d’établir des lois raisonnables sur la propriété ont coulé du sein de l’amour dans un océan désolé de réglementation ; on ne peut en excepter non plus le socialisme et le communisme. Chacun doit être pourvu de moyens, d’existence suffisants ; par suite peu importe si, socialistiquement, on les trouve encore dans une propriété personnelle ou si, communistiquement, on les puise à la communauté des biens. L’esprit des individus demeure le même, c’est toujours l’esprit de dépendance. L’autorité, équitablement réparti-