Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/360

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rieurement parce qu’on ne jouissait de la liberté de la lutte que par la corporation et seulement dans la corporation.

Dans la caste et le régime féodal l’État se montre intolérant et fait des sélections par ses privilèges ; sous le régime de la concurrence et du libéralisme il pratique la tolérance et le laissez-faire en bornant son rôle à patenter (reconnaissance écrite du droit d’exercer publiquement d’une manière patente une industrie) ou à « concéder ». Si maintenant l’État a tout abandonné aux concurrents, il doit venir en conflit avec tous, parce que tous sont autorisés à la concurrence. Il sera assailli par la tempête et disparaîtra dans la tourmente.

La « libre concurrence » est-elle donc réellement « libre », est-elle même une « concurrence » entre les personnes, ainsi qu’elle se donne parce qu’elle fonde son droit sur ce titre ? Certes elle est issue de ce principe que les personnes sont libres contre toute domination personnelle. Une concurrence est-elle « libre » quand l’État, ce souverain du régime bourgeois, l’enserre de mille liens ? Voici un riche industriel qui fait de brillantes affaires, je voudrais entrer en concurrence avec lui. « Libre à toi, dit l’État, je n’ai rien à objecter ». Oui mais il me faut pour cela un terrain où je puisse construire et j’ai besoin d’argent. « C’est fâcheux, mais si tu n’as pas d’argent, tu ne peux concourir. Tu ne peux en prendre à personne car je défends et je favorise la propriété ». La libre concurrence n’est pas « libre » parce que la chose objet de la concurrence me fait défaut. Contre ma personne pas d’objection, mais comme je ne possède pas la chose, ma personne aussi doit se retirer du concours. Or qui donc a la chose nécessaire ? Ce fabricant peut-être ? Alors je