Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/372

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faut payer les pommes de terre, alors vous pourrez en manger. Ou bien pensez-vous que les huîtres ne nous appartiennent pas à nous, aussi bien qu’à vous ? Vous crierez à la violence si nous allongeons le bras pour les saisir et vous aurez raison. Sans violence nous ne les aurons pas, de même que vous ne les avez qu’en nous faisant violence.

Cependant gardez vos huîtres et laissez-nous atteindre à une propriété plus immédiate (car l’autre n’est que possession), à la propriété de notre travail. Nous peinons douze heures à la sueur de notre visage et vous nous offrez en retour quelques groschens. Prenez-en donc autant pour votre travail. Vous ne pouvez ? Vous vous imaginez que notre travail est suffisamment payé de ce salaire, quand le vôtre vous en vaut des millions. Si vous n’estimiez pas votre salaire si haut et si vous laissiez le nôtre s’améliorer, nous pourrions, s’il était nécessaire, fournir des travaux beaucoup plus considérables que vous pour vos milliers de thalers, et si vous ne receviez qu’un salaire égal au nôtre, vous seriez bientôt plus assidus au travail pour être plus payés. Que si vous exécutez des choses qui nous paraissent avoir dix et cent fois plus de valeur que notre travail, vous devrez recevoir dix et cent fois plus ; nous pensons à établir aussi des choses qu’il vous faudra nous payer plus cher que le salaire habituel. Nous serons déjà d’accord ensemble s’il est entendu que l’un n’a plus de cadeau à faire à l’autre. Puis nous irons jusqu’à payer nous-mêmes aux infirmes, aux malades et aux vieillards une somme suffisante pour qu’ils ne meurent pas de faim ; si nous tenons à ce qu’ils vivent, il est légitime que nous achetions l’accomplissement de notre volonté. Je dis « acheter » parce que je n’entends pas