Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/373

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par là une misérable « aumône ». Car tous ceux qui ne peuvent travailler ont encore la propriété de leur vie ; si nous voulons (peu importe pour quelles raisons) qu’ils ne nous privent pas de leur vie, nous ne pouvons l’obtenir qu’en l’achetant, peut-être même voudrons-nous leur assurer l’aisance, parce que nous aimons avoir autour de nous des visages heureux. Bref, nous ne voulons pas de présents de vous, nous ne voulons pas non plus vous en faire. Des siècles, nous avons fait l’aumône par une bienveillante stupidité, nous avons donné au pauvre son obole et aux seigneurs ce qui n’était pas aux seigneurs ; et maintenant ouvrez vos sacoches, car dès aujourd’hui nos denrées vont monter à un prix énorme. Nous ne voulons rien vous prendre, absolument rien, il faudra seulement que vous payiez mieux ce que vous voulez avoir. Que possèdes-tu donc ? « J’ai un bien de mille arpents ». Moi, je suis ton valet de ferme, et bien ! désormais je ne travaillerai ton champ qu’à raison d’un thaler par jour. « Je prendrai un autre valet ». Tu n’en trouveras pas car nous autres, valets de ferme, nous ne travaillerons pas à moins et s’il s’en présente un qui offre moins, gare à lui ! Voici la fille de ferme qui en demande autant, tu n’en trouveras pas d’autre à plus bas prix. « Mais c’est ma ruine ! » Pas si vite ! Tu recevras autant que nous, et si ce n’est pas, nous abandonnerons sur notre salaire autant qu’il te faudra pour vivre comme nous. « Mais je suis habitué à mieux vivre ! » Nous n’y contredisons pas, mais nous n’en avons cure. Tu seras plus économe, voilà tout. Faut-il donc nous louer au-dessous du prix pour que tu vives à l’aise ? Mais le riche n’a pour le pauvre que ces paroles : « Que me font à moi, tes besoins, vois à te débrouiller dans le monde, c’est ton