Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/383

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territoires des autres souverains. Nous n’avons aucune vergogne à la « conquérir » et nous nous enquérons des moyens. Nous en chassons l’esprit étranger qui nous effrayait tant avant.

C’est pourquoi il est nécessaire que je ne revendique plus rien comme homme, mais que je réclame tout en qualité de Moi, ce Moi que voilà ; par conséquent je ne dois rien revendiquer d’humain, mais seulement ce qui est mien, je ne dois pas rechercher ce qui me revient comme homme, mais ce que je veux et parce que je le veux.

La propriété d’un autre n’est à bon droit et légitimement sa propriété que s’il te convient qu’il en soit ainsi. Si cela ne te convient plus, elle perd sa légitimité et tu te moques du droit absolu de son possesseur.

En dehors de la propriété discutée jusqu’ici dans un sens étroit, il y a une autre propriété à présenter à nos âmes respectueuses contre laquelle nous devons pécher bien moins encore. Cette propriété consiste dans les biens spirituels, dans le « sanctuaire de l’être intérieur ». Ce qu’un homme tient pour sacré ne doit pas être en butte aux plaisanteries des autres, si absurde que soit cette chose sacrée ; quelque soit le zèle que l’on déploie pour amener en douceur cet adorateur, ce croyant d’une superstition, à reconnaître le vrai saint, on doit cependant, en tout temps, honorer la chose sacrée : s’il est dans l’erreur, il croit cependant à la chose sacrée, et si elle est fausse, on doit du moins respecter sa foi.

Dans des temps plus barbares que les nôtres, c’était une règle d’exiger une foi déterminée, l’adoration d’un Dieu déterminé et les rapports avec les croyants d’une autre religion n’étaient pas les meilleurs ; pourtant à