Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/39

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tend à se détacher de ses parents, de ses frères et sœurs, etc., si ces puissances « renaissent » sous forme de puissances spirituelles, raisonnables, elles ne sont plus du tout ce qu’elles étaient avant.

Et non seulement les parents, mais les hommes en général sont vaincus par le jeune homme : ils ne lui sont pas un obstacle et ne lui inspirent aucun respect, car on dit maintenant qu’on doit plus obéissance à Dieu qu’aux hommes.

Tout le « terrestre » recule dans un méprisable éloignement devant ce point de vue supérieur, car ce point de vue est divin.

La position s’est maintenant complètement modifiée. L’adolescent commence à se conduire suivant l’esprit, tandis que l’enfant ne s’est pas encore senti comme esprit et a grandi en recevant un enseignement sans intellectualité. Le premier ne cherche pas à posséder les choses, par exemple à se mettre dans la tête des chronologies historiques, mais il cherche les pensées cachées au fond des choses ; l’enfant, au contraire, comprend bien les rapports, mais il ne voit pas l’idée, l’esprit ; il apprend mécaniquement sans procéder par a priori et théoriquement, il ne cherche pas les idées.

Si pendant l’enfance on avait à vaincre la résistance des lois universelles, on rencontre maintenant pour tout ce qu’on se propose les objections de l’esprit, de la raison, de sa propre conscience. « Cela est déraisonnable, antichrétien, anti-patriotique, etc… » nous crie la conscience et elle nous en détourne en nous terrifiant. Ce n’est pas la puissance des Euménides vengeresses, ce n’est pas la fureur de Poseïdon, ce n’est pas Dieu si loin qu’il puisse voir nos actes les plus secrets, ce n’est