Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/426

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de la société-famille (lares, pénates) celui d’un peuple (« dieu national ») ou « de tous les hommes » (« il est le père de tous les hommes »).

Ainsi, en mettant au rebut la société et tout ce qui découle de ce principe, n’a-t-on pour objet que d’extirper les dernières racines de la religion. Mais c’est précisément dans le communisme que ce principe cherche à dominer, car là, tout doit revenir à la communauté pour que « l’égalité » soit rétablie. Si cette « égalité » est acquise, « la liberté » non plus ne fait pas défaut. Mais liberté de quoi ? Celle de la société ! La société est alors absolument tout et les hommes n’existent que « les uns pour les autres ». Ce serait l’apothéose de l’État de l’amour.

Mais je préfère avoir à compter avec l’égoïsme des hommes plutôt que sur leur pitié, sur leur compassion, etc. L’égoïste exige la réciprocité (comme tu es pour moi, je dois être pour toi), ne fait rien « gratis » et se laisse gagner et acheter. Car comment puis-je me faire rendre service par pure charité ? C’est bien un hasard si j’ai précisément affaire à un être « charitable ». Je n’obtiens ses services qu’en les mendiant : par mon extérieur pitoyable, par mon dévouement, par ma misère — ma souffrance. Que puis-je lui offrir pour l’aide qu’il m’apporte ? Rien ! Je dois la recevoir comme un présent. L’amour ne se paie pas ou plutôt : l’amour peut certes être payé, mais seulement par un amour réciproque (« une amabilité en vaut une autre »). Quelle misère, quelle gueuserie ne faut-il pas pour recevoir tout l’an des dons que par exemple on prélève régulièrement sur un pauvre journalier, sans le payer de retour ? Que peut faire le bénéficiaire pour ce pauvre homme en retour des pfennigs qu’il lui a versés et qui