Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/428

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comme tous les autres êtres, un objet pour qui j’ai de la sympathie ou non, un objet intéressant ou inintéressant, un sujet utilisable ou non.

Et si je puis l’utiliser, je m’entends et m’unis avec lui pour renforcer ma puissance par notre accord et faire plus par notre force commune que ne le pourrait la force isolée. Dans cette action commune je ne vois absolument pas autre chose qu’une multiplication de ma force et je ne la maintiens qu’autant qu’elle est une augmentation de ma force. Mais ainsi, c’est une association.

Aucun lien, ni naturel ni spirituel, ne la rassemble ; ce n’est pas une alliance naturelle, ce n’est pas une alliance spirituelle. Ni un même sang, ni une même foi (foi c’est-à-dire esprit) ne lui donne naissance. Dans une alliance naturelle — comme une famille, une race, une nation et même l’humanité — les individus ne valent que comme spécimens d’une même sorte ou d’une même espèce ; dans une alliance spirituelle — comme une communauté, une église — l’individu n’a de signification que comme un élément du même esprit ; ce que tu es dans les deux cas comme individu est rejeté à l’arrière-plan. Ce que tu es comme individu ne peut s’affirmer que dans l’association, parce que l’association ne te possède pas, parce que c’est au contraire toi qui la possède et l’utilise à ton profit.

Dans l’association et seulement dans l’association la propriété est reconnue parce qu’on ne reçoit plus d’aucun être son bien en fief. Les communistes se bornent à pousser dans ses dernières conséquences le régime qui existait depuis longtemps dans la société religieuse et particulièrement dans l’État, la non-propriété c’est-à-dire le régime féodal.