Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/432

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comme individu, c’est-à-dire tel que je suis, je ne suis pas autorisé, mais c’est l’homme qui a le droit et qui m’autorise. Par suite, je puis avoir tel droit comme homme, mais comme je suis plus qu’homme, un homme particulier, il peut m’être refusé à moi, le particulier. Si vous tenez au contraire à maintenir à vos biens, leur valeur, ne vous laissez pas contraindre à les rabaisser au-dessous du prix, ne vous laissez pas persuader que votre marchandise ne vaut pas d’argent, ne souffrez pas qu’on se moque de vous en vous offrant un prix dérisoire, mais imitez le brave qui dit : Je veux vendre chèrement ma vie (ma propriété) les ennemis ne l’auront pas à bon compte. Vous aurez alors reconnu comme juste ce qui est l’inverse du communisme ; la formule n’est plus : Abandonnez votre propriété, mais faites-la valoir.

Au-dessus de la porte de notre temps on ne lit plus la formule apollinienne « Connais-toi toi même » mais : Fais-toi valoir.

Proudhon appelle la propriété « le vol ». Mais la propriété d’autrui (et c’est de celle-là seule qu’il veut parler) ne doit pas moins son existence au renoncement, à l’abnégation, à l’humilité, c’est un présent. Pourquoi, avec la mine d’un pauvre homme dépouillé, implorer la pitié, lorsqu’on ne sait que faire des présents par sottise et par lâcheté ? Pourquoi aussi en rejeter la faute sur les autres, comme s’ils nous dépouillaient, alors que c’est nous autres qui portons la faute de les laisser indemnes. C’est la faute des pauvres s’il y a des riches.

Personne, en général, ne s’indigne contre sa propre propriété, mais contre celle d’autrui. En réalité ce n’est pas la propriété qu’on attaque, mais son aliéna-