Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/439

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s’annoncent-elles autrement ? on veut que personne ne soit plus embarrassé de trouver la satisfaction des besoins les plus impérieux de la vie mais qu’il en ait l’assurance, et d’autre part on enseigne que l’homme a à se mettre en peine de cette vie d’ici-bas et à vivre dans le monde réel sans avoir la vaine préoccupation de l’au-delà.

Prenons la chose d’une autre façon. Celui qui n’a que le souci de vivre oublie facilement dans cette anxiété la joie de vivre. Si, pour lui, il faut agir uniquement en vue de la vie, s’il pense à part lui : si seulement l’existence m’était douce — il n’emploie pas ainsi toutes ses forces à tirer parti de la vie, c’est-à-dire à en jouir. Mais comment en tirer parti ? En en usant comme d’une lampe qu’on utilise en la faisant brûler. On utilise la vie et par conséquent soi-même, l’être vivant en consommant l’un et l’autre. Jouir de la vie, c’est en user.

Maintenant donc cherchons la jouissance de la vie ! Et que fit le monde religieux ? Il recherchait la vie. « En quoi consiste la vraie vie, la vie bienheureuse, etc. — comment y atteindre ? Que doit faire l’homme, que doit-il être pour vivre de la vraie vie ? Comment remplit-il cette mission ? » Ces questions et d’autres analogues montrent suffisamment que ceux qui les posaient ne cherchaient que leur moi, leur moi pris dans sons sens véritable, celui de la vraie vie. « Ce que je suis est écume et ombre, mon vrai moi, c’est ce que je serai. » Poursuivre ce moi, l’établir, le réaliser, telle est la lourde tâche des mortels, qui ne meurent que pour ressusciter, qui ne vivent que pour mourir, qui ne vivent que pour trouver la vraie vie.

— C’est certainement lorsque je suis sûr de mon moi et