Page:Stirner - L’Unique et sa propriété.djvu/467

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sensible c’est seulement ce qui n’existe que pour les sens ; au contraire ce qui ne peut être ressenti par ceux qui ne ressentent pas seulement par les sens et qui vont au delà de la jouissance des sens, des impressions sensibles, emploie tout au plus les sens comme intermédiaires ou comme conducteurs, c’est-à-dire que les sens sont une condition pour y atteindre, mais la chose n’a plus rien de sensible. La chose sensible quelle qu’elle soit, accueillie en moi, devient une chose non sensible qui, cependant, peut avoir de nouveau des effets sensibles, par exemple mettre mon sang en mouvement, surexciter mes sens.

Il est déjà bien que Feuerbach remettre les sens en honneur, mais il ne sait qu’habiller le matérialisme de sa « nouvelle philosophie » avec ce qui fut jusqu’ici la propriété de l’idéalisme, de « la philosophie absolue ». Pas plus qu’on ne se laisse persuader qu’on peut vivre uniquement « d’esprit » et se passer de pain, on ne croira Feuerbach quand il dit que l’homme pris comme être sensible est déjà tout, et ainsi doué d’esprit, de pensée, etc.

Par l’être rien n’est justifié. Ce qui est pensé est au même titre que ce qui n’est pas pensé ; la pierre du chemin est, et la représentation que je m’en fais est aussi. Toutes deux sont seulement en des lieux différents, l’une en plein air, l’autre dans ma tête, en moi ; car je suis un lieu comme le chemin.

Les membres de corporations ou privilégiés ne supportent aucune liberté de pensée, c’est-à-dire aucune pensée qui ne vienne du « distributeur de tout bien », qu’il s’appelle Dieu, pape, Église ou autrement. Si quelqu’un d’eux a des pensées illégitimes, il doit les dire à l’oreille de son confesseur et se faire flageller par lui,