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Page:Strabon - Géographie, trad., Tardieu, tome I, livres I à VI, 1867.djvu/140

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vouloir que Déimaque ait parlé du tropique d’été, quand il a formellement spécifié le tropique d’hiver[1] ; et tort en second lieu de penser qu’il soit absolument interdit dans une question de [géographie] mathématique d’user du témoignage d’un homme étranger à l’astronomie, comme si Ératosthène, en citant ici Déimaque, avait entendu le désigner pour son autorité principale, et qu’il eût fait autre chose qu’user d’un procédé que tout le monde emploie avec les interlocuteurs peu sérieux : n’est-ce pas, en effet, l’un des meilleurs moyens de réfuter un contradicteur frivole que de lui démontrer que son dire, quel qu’il soit, nous donne raison contre lui-même ?

20. Jusqu’ici, c’est en supposant l’exactitude de ce qui a été dit tant de fois et de ce qu’on croit généralement, à savoir que l’extrémité méridionale de l’Inde est située juste à la hauteur de Méroé, que nous avons démontré l’absurdité des conséquences du système d’Hipparque. Mais comme Hipparque, qui n’y avait fait encore nulle objection, refuse dans son second livre d’admettre la susdite hypothèse, il nous faut voir aussi comment il raisonne à ce sujet. Voici ce qu’il dit en propres termes : « Dans les cas où une distance considérable sépare deux points du globe situés sous le même parallèle à l’opposite l’un de l’autre, il n’y a pas d’autre moyen de vérifier s’ils sont effectivement sous le même parallèle que d’arriver à comparer ensemble leurs climats ou positions respectives. Or, si le climat de Méroé se trouve suffisamment déterminé (et il l’est par cette circonstance, que rapporte Philon dans la Relation du voyage qu’il exécuta par mer en Éthiopie, à savoir que, quarante-cinq jours avant le solstice d’été, on y a le soleil au zénith, ainsi que par le rapport de l’ombre au gnomon que le même auteur dit y avoir été observé tant à l’époque du solstice qu’à celle de l’équinoxe, sans compter que l’opinion d’Ératosthène sur ce point se rapproche autant que possible de celle

  1. On s’accorde à louer la correction proposée ici par Penzel ἀντί (au lieu de ἀπὸ) τοῦ χειμερινοῦ τροπικοῦ τὸν θερινὸν δεξάμενος.